Elle n´avait que Lui

Elle avance péniblement avec son chien,
Seul compagnon affectueux sur ce chemin,
Elle lui parle, lui dit mon enfant, mon gamin,
Il la regarde, elle croit lui voir un sourire câlin.

Ce vieux gardien, par l’âge mutilé, ange estropié,
Délaisse sa douleur, oublie sa peur pour son aimée.
Le fils a dit : demain c’est l’hospice, je suis désolé,
Mais ils ne veulent pas de ton chien, il sera piqué.

Alors elle prépare, accablée, leur dernier repas,
Une grosse soupe d’amour et de mort aux rats,
La fin va être longue à venir pour ces deux là,
Mais leur vie est inconcevable désormais ici-bas.

Puis, la vieille, sa mansarde, va ranger,
Son « gamin » dans les bras, s’allonger…..
Partis enfin ensemble dans l’éternité,
Le fils les trouvera au matin, inanimés.

A l’enterrement, avec impudeur il dira aux voisins,
J’ai pourtant tout fait pour qu’elle n’ait pas de chagrin.
Mais le seul besoin qu’avaient la vieille et son chien,
C’était la compassion et l’amour du fils, ce vaurien !

«Klaus Grenz»